Blog du Fuzz'Yon
Quoi de mieux pour lutter contre la mythique déprime d’un dimanche soir pluvieux de novembre, que d’aller s’enjailler à un concert, comme celui que proposait ce 3 novembre le Fuzz’Yon ? Rien, d’autant que ce qui a été amené à voir et entendre ce soir-là dans une salle blindée transpirait la joie et le délire heureux, le suranné décadent de deux groupes étrangers d’une mouvance jusque-là non répertoriée : le disco-punk ! Ode à la joie version métal, avec paillettes, costards et p’tites pépées survoltées.
Si le royaume de Suède nous a donné l’académie des Nobel, Bjön Borg et Greta Thunberg, on a pu découvrir qu’il recèle un autre joyau : le quatuor déjanté Royal Republic. Lancé dans une tournée européenne de 30 dates, dont une poignée en France, le groupe faisait donc escale du Fuzz’Yon, précédé d’une sacrée réputation scénique qui ne s’est point démentie. Sur une scène transformée en une sorte de plateau télévisé tout droit issu des seventies, les quatre musicos font un show digne de l’Eurovision ; à tout moment on s’attend à voir débarquer Maritie et Gilbert Carpentier, duo magique que les moins de 90 ans ne peuvent pas connaître !
Nos quatre Suédois pas dans le vent, emmenés par un chanteur moustachu quasi sosie du jeune Tom Selleck dans la série Magnum, ont revêtu leurs plus beaux atours : vestes pailletées, chemises et cravates. En fond de scène, des tapis de lumières clignotantes kitch… tout sentait bon le disco, sauf la musique produite, une pop-punk vitaminée et enlevée, impeccablement produite à coups de rifs et de tempos plus ou moins ravageurs. Le tout panaché d’un humour et d’une autodérision cinglants, limite Cosby show sous acide ; un régal apprécié à sa juste valeur par une salle comble, l’aura de Royal Republic étant désormais internationale. Le concert se jouait sold out, un dimanche soir à la Roche… faut-il y voir le signe d’une initiative réussie, en fin de journée, après avoir digéré le gigot-mogettes ? Assurément oui : tout le monde s’emmerde le dimanche soir entre 18 et 21 heures !
La Croisière s’amuse version punk
Avec une dizaine d’années de scène et en tournée pour défendre leur 3e album, indéniablement Royal Republic aura marqué la Vendée de son passage déjanté et joyeux ; merci les gars et bonne tournée. Juste avant eux, c’est un autre quatuor mâle qui était chargé d’ouvrir les hostilités : les Allemands de Blackout Problems, qui assurent les premières parties de la tournée de Royal Republic. Là aussi, de l’humour et du rock, assez déstructuré, lorgnant parfois vers la pop, parfois vers le punk, avec des séquences quasi hypnotiques musicalement et visuellement, composant une excellente mise en bouche de cette soirée mémorable car rare. Avec à la tête du quatuor un guitariste-chanteur ne pouvant nier des liens génétiques avec la grande famille des puces ; un garçon très agité qui doit mettre les doigts dans une prise électrique avant de monter sur une scène, pas possible autrement ! Un artiste qui a besoin de sentir son public, manifestant cette demande d’amour par quelques incursions remarquées dans la salle, à tel point qu’on le retrouvait même juché sur les flight-cases de la régie son et lumière ! Bien perché, quand même, un exalté de la meilleure espèce, qui met ses tripes sur la scène.
Deux bons groupes très scéniques pour un concert particulier, dans le sens original ; on se souviendra longtemps des facéties ironiques du chanteur-guitariste de Royal Republic, Adam Grahn, véritable showman/chaman qui a mis toute la salle dans sa poche à paillettes. Ambiance punk sur La Croisière s’amuse, tel pourrait être le résumé lapidaire de cette drôle de soirée décalée…
