[Regards croisés] 3 retours sur Rendez-Vous + Nursery

8 octobre 2019 CHRONIQUES, DESSINS, LIVE REPORT, PHOTOS Laissez un commentaire 1,128 Vues

1: le report de Fabrice

Au RENDEZ VOUS d’une ouverture en tonalité post-punk

Détonnant, le premier concert de la saison 2019/2020 du Fuzz’Yon, avec à l’affiche deux groupes produisant un rock rare et original, dont les acteurs n’étaient probablement même pas nés lors de la création de l’asso ! Si RENDEZ VOUS a comme attendu envoûté la salle par ses violentes mélopées planantes, belle surprise en première partie avec nos excellents cousins nantais de Nursery. La saison est lancée à 120 BPM !

La scène française de post-punk est aussi maigrelette que la quotité de pratiquants de la viole de gambe dans la musique classique ! Ce genre musical particulier est quasiment absent de la scène hexagonale ; il semblerait que ce ne soit pas dans sa culture, alors que le post-punk s’est développé voilà 40 ans dans les pays anglo-saxons et du côté des pays nordiques de l’Europe. Mais qu’est-ce donc, pour y voir plus clair ? Eh bien un mouvement qui, comme son nom l’indique clairement, a succédé au punk, ce dès 1978. Sauf que, souvent, on en retient que le mot « punk », d’où une certaine confusion… Alors pour plus de clarté, le post-punk est un courant musical apparu vers la fin des années 1970, en écho à la déferlante punk. Mené par des groupes emblématiques tels que Public Image Ltd, Siouxsie and the Banshees, The Birthday Party, Gang of Four, Joy Division, The Fall, The Chameleons ou encore Wire, il se différencie du punk rock par son introversion, un certain goût pour l’expérimentation musicale et sa plus grande élaboration.

La posture générale des artistes rattachés à la mouvance post-punk peut se résumer dans cette déclaration de Allen Ravenstine (de Pere Ubu), en 1978 : « Les Sex Pistols ont chanté ‘No Future’, mais il y a un futur et nous essayons de le construire ». Bref, le post-punk, lorgnant sur la new-wave, reprend le cri de colère du punk mais développe un nouveau mouvement original, musical et politique. C’est illico plus clair, et permet d’appréhender le set ultra énergique donné par RENDEZ VOUS, face à une salle bien jaugée d’au moins 250 personnes. Dont des fans du groupe, le tout dans une configuration « stratique » naturellement établie : les vingtenaires devant, trentenaires et quadras au centre de la salle, quinquas et plus au fond, derrière les consoles techniques et près du…bar !

Saluée notamment par Les Inrocks, l’aventure des Parisiens de RENDEZ VOUS a débuté en 2012 ; et en 7 ans le chemin parcouru est énorme, avec des concerts partout en Europe et dans le monde. Le combo faisait escale à La Roche, à l’issue d’une tournée mondiale destinée à porter son premier « vrai » album, sorti voici tout juste un an. Les zicos ont littéralement déboîté la salle, à coups de riffs sauvages mâtinés de passages plus planants, assénant des compos déstructurées et primitives… provoquant un effet bœuf, pogos en témoignent. Difficile d’en sortir intact ! Guitares-basse-batterie-claviers au service d’un chanteur exalté à la voix rappelant parfois celle de Robert Smith, générant un univers délicieusement décadent : le tout pour 10 à 16 balles, c’était cadeau !

Batteur-chanteur à paillettes !

Mais n’oublions pas que juste avant le set de RENDEZ VOUS, le toujours futé programmateur des premières parties, Ben, nous avait encore déniché une sacrée belle pépite : Nursery, jeune trio nantais à la composition originale. Alignés tous trois sur le devant de la scène, avec son charismatique batteur-chanteur androgyne captant toute la lumière… En bonus : le bougre s’affiche le torse nu constellé de paillettes, et a su très vite se faire adopter par les autochtones avec inscrit en gros et lettre rouges sur son torse un « Vendée vous » de bon aloi, accompagné d’un cœur vendéen… il sait y faire, le Nantais, pour se faire intégrer d’emblée ! Non, il ne se prénomme pas Kevin mais Paul, et son abattage a fait se fissurer les moulures au plafond du Fuzz’Yon ! Avec ses deux acolytes, Nursery a produit un set empreint d’une énergie et d’une violence tour à tour contenue puis sauvagement débridée, comme la DeLorean du doc lorsqu’il lâche les gaz pour retourner vers le futur ! Un ascenseur émotionnel permanent, du jamais entendu, très créatif, original, sous l’influence de la voix haut perchée du chanteur… bref, de la belle ouvrage, parfait pour ouvrir les vannes du RENDEZ VOUS.

Par Fabrice Hodecent

2: les dessins de Manu